Un peu plus sur mon parcours
Pour ceux que cela intéresse, je partage un peu plus en détails, quelques questions à propos de mon parcours chamanique:
🌋 🌊 pourquoi la tradition hawaiienne ?
🔭 🪶 pourquoi un dialogue entre approche scientifique et approche chamanique ?
Ces trois questions ont fortement influencé mon parcours. Je pense qu'elles me sont vraiment spécifiques et ne cherche vraiment pas à imposer mes propres réponses aux personnes qui me consultent. Chacun a son propre chemin et, aujourd'hui plus que jamais, il est possible de s'affranchir de théories dogmatiques et figées, pour découvrir son propre rapport au monde et à une dimension spirituelle. Le seul but de ces réflexions est de donner un peu plus détails à ceux qui souhaitent en savoir un peu plus sur mon parcours.
Sur le chemin qui m'a amené au chamanisme, plusieurs rencontres étaient inattendues (en fait je pourrais dire qu'elles ont toutes été inattendues). Et cela m'a demandé de lâcher les idées préconçues et les plans que je pensais suivre. Ces rencontres sont venues me bousculer un peu, beaucoup et me proposer quelque chose. L'une de ces rencontres a été celle avec les abeilles.

🐝 Pourquoi les abeilles ? Parce que leur buzzz est une porte vers d'autres réalités
Je ne pense pas connaître totalement la réponse. Elles sont venues comme ça, au hasard d'une rencontre, et j'ai dit oui. Et depuis, elles ne m'ont plus quitté, cela fait maintenant plus de 17 ans. Notre relation conserve une grande part de mystère, et ce mystère a sa part dans le rapport chamanique que nous entretenons. Le mystère est ce qui nous pousse à explorer.
Mais au départ, il s'agissait pour moi surtout d'apiculture, disons classique. Par curiosité, je me suis mis à étudier un univers qui m'était inconnu et qui s'est révélé fascinant. Prendre soin de populations d'abeilles est vraiment particulier. Parce qu'un étrange rapport s'établit entre elles et nous, les humains, depuis maintenant plusieurs millénaires. Et ce rapport est vraiment différent de celui que nous pouvons connaître avec les autres animaux qui sont devenus peu à peu plus proches de nous en quittant leur état sauvage. En tant qu'insectes, les abeilles ont un rapport au monde radicalement différent du nôtre.
Bref, après un peu plus de 10 ans d'apiculture, quelque chose s'est passé au rucher. Des piqûres bien particulières qui m'ont guéri, des sortes de voix (pas facile à admettre) qui me donnaient des indications sur ma pratique apicole. Quelques événements qui ont suggéré qu'une autre relation est possible avec elles. Et c'est ce qui m'a mis sur la piste du chamanisme. Ma pratique en tant qu'apiculteur est toujours là, en cherchant à leur offrir le meilleur cadre possible pour leur bien-être, et une autre dimension est venue s'ajouter. Et ma pratique apicole s'est sensiblement améliorée du moment que j'ai accepté qu'elles ont plus de réponses que moi sur ce dont elles ont besoin.
Un rapport chamanique s'est peu à peu immiscé lors de mes présences au rucher. Pour tenter d'entrevoir ces dimensions plus discrètes ou subtiles, on peut déjà considérer que les abeilles ont développé un rapport au monde très différent du nôtre, que je peux résumer ainsi: ce sont des êtres hautement vibratoires et sensibles. Elles perçoivent ce qui reste caché à nos 5 sens. Des lumières invisibles pour nos yeux, des champs magnétiques, la polarisation de la lumière, des parfums très subtiles, des sensations du toucher très fines. Ce sont des êtres hyper sensibles, qui communiquent entre elles avec des vibrations qui deviennent des danses, des infra sons, des contacts dans l'obscurité totale. Le monde des odeurs est un univers merveilleux dans lequel elles naviguent, pour établir des relations entre elles et les plantes, d'une richesse extraordinaire. Parmi ces odeurs, les phéromones ont une place également primordiale dans leur communication au sein de la colonie, notamment avec leur mère (reine).
Je ne vais pas développer ici ce qu'on peut trouver dans quantité de livres. Mais les capacités dont elles sont dotées leur ont permis, au fil de près de 100 millions d'années d'évolution, de nouer un rapport au monde d'une richesse que nous entrevoyons à peine. Et par cela, de nous ouvrir certaines portes vers ce monde que nous ne parvenons pas, plus à ouvrir seuls. Nous appréhendons ce côté-ci de la réalité (ordinaire) au travers de nos sens et sommes vite convaincus que le monde est ce que nous percevons de lui. Il nous est devenu très difficile de concevoir et sentir le monde en dehors de nos sens. Très difficile de lâcher notre anthropocentrisme. Le chemin spirituel nous amène à accepter que la réalité est insaisissable dans son essence-même, mais aussi que certains chemins permettent d'accéder à une conscience élargie. Et nous avons des alliés, qui peuvent nous aider à ouvrir ces nouvelles portes. Les abeilles ont été les premières à le faire pour moi.
Les abeilles sont confrontées à la mort quotidiennement. Leur existence, à la fois sociale pendant la moitié de leur vie, puis très solitaire dans la seconde partie, les place à la croisée des chemins. En quelque sorte, on peut dire qu'elles ont les pattes et les ailes entre deux mondes, et passent de l'un à l'autre en permanence. D'où cette dimension de psychopompe que plusieurs traditions leur prêtent, égyptienne, grecque, babylonienne et certaines traditions d'Amérique du Nord...
Elles ont ouvert une première porte pour moi, et elles continuer de voler toujours pas très loin lors de mes voyages chamaniques. Depuis, d'autres esprits sont venus aussi m'aider sur mon chemin.

🌋 🌊 Pourquoi la tradition hawaiienne ? Parce que le son de l'océan est le murmure de l'Univers
C'est un peu comme pour les abeilles. Quelque chose s'est passé avec cette terre perdue au milieu de l'océan, il y a plus de 30 ans, et sa musique ne m'a plus lâché.
La relation garde une part de mystère importante. Si j'essaye d'expliquer, je peux dire par exemple que le lieu est tellement éloigné du reste du monde, qu'on y a le sentiment qu'on pourrait, devrait, avoir sur Terre, par rapport à notre isolement dans le vaste Univers. Ce sentiment de vivre quelque chose d'exceptionnel, le miracle de la Vie qui nous a amené jusqu'ici.
Hawaii, et plus particulièrement la grande île d'Hawaii, Big Island, est un lieu où le rapport aux éléments, le rapport à la Nature, placent le monde des idées et des problèmes sophistiqués de nos sociétés modernes, au second plan. On les oublie vite. Par contre, impossible d'ignorer l'océan, qui fait entendre sa voix jour et nuit un, en changeant constamment, le volcan, qui se manifeste très souvent dans de majestueuses éruptions et lumières qui nous amènent le chant des profondeurs de la Terre. La vie, aquatique et insulaire, la jungle tropicale et le langage des plantes, forment un environnement qui nous rappelle d'où nous venons.
La tradition chamanique hawaiienne est très particulière et, même si on y trouve beaucoup de points communs avec les autres traditions, elle offre quelque chose d'unique que je n'ai pas trouvé ailleurs. Elle nous amène à concilier la réalité ordinaire de tous les jours, avec le monde des esprits. Plus que des rituels compliqués, elle se transmet par la langue et les chants. Le secret du chamanisme hawaiien, (Huna, qui veut dire secret), est inscrit dans la langue. Celle-ci se focalise non pas sur les concepts abstraits ou les idées, mais sur les relations. Tout dans la langue exprime notre rapport au monde. Ce qui nous relie à lui ou nous met au défi. Chaque syllabe comporte toute une famille de sens qui se relient les uns les autres pour créer quelque chose à la fois concret et subtile, de l'ordre du spirituel. Ainsi, quelques mots suffisent à évoquer notre relation au monde d'une manière très précise et, surtout, nous pousse à sentir ce lien et toutes ses ramifications. Ce faisant, nous nous mettons à l'écouter, à sentir comment il vit en nous, et à conscientiser la place que nous sommes venus y occuper. Cette place qui se développe comme un chant, qui a commencé avant notre naissance et continuera après notre départ. C'est là, du pur chamanisme au quotidien.
Un petit exemple pour donner le goût de cette tradition. Lorsque deux personnes se rencontrent, d'où qu'elles viennent, la tradition propose qu'elles se présentent en disant leur nom, mais aussi en disant le nom de la montagne qui les nourrit, et celui de l'eau du lieu où elles vivent. Par exemple, je peux dire que je m'appelle Gio, que la montagne et l'eau de mon lieu sont la Dent de Jaman et le lac Léman. Ou quand je suis à Hawaii, ce sont le Mauna Loa et l'océan Pacifique. L'autre personne fait de même. Puis nous partageons notre souffle (le Ha, ou énergie vitale). En faisant cela, nous avons fait se rencontrer nos deux montagnes et nos deux eaux. Chamaniquement, nous portons ces esprits en nous et les faisons se rencontrer. Deux montagnes se rencontrent, deux eaux s'unissent.

Galaxie du Fantôme
ESA/Webb, NASA & CSA, J. Lee and the PHANGS-JWST Team. Acknowledgement: J. Schmidt
🔭 🪶 Pourquoi un dialogue entre approche scientifique et approche chamanique ? Parce que nous existons dans ces deux mondes
C'est une question plus cérébrale. Depuis que j'ai levé les yeux au ciel, enfant, je me suis demandé dans quel monde nous pouvons bien être ? Qu'est-ce que c'est que cet endroit, où nous sommes collés sur le sol et avons des étoiles au-dessus de nos têtes. Et comment se fait-il que nous naissons en tant que bébés, vivons cette drôle de vie puis, au bout d'une temps qui semble s'écouler, nous mourons, plus ou moins âgés. J'ai voulu comprendre et découvrir le sens et l'essence de tout ça. Ce que j'appelle le secret de l'univers, et qui m'a questionné toutes ces années. Il m'a semblé, quand j'étais adolescent, que la meilleure manière de découvrir le secret de l'Univers, était de faire des études scientifiques. J'ai suivi un parcours qui m'a amené à faire des études de Physique.
Mais assez vite, j'ai réalisé que les équations servaient surtout à mesurer et prévoir, jusqu'à un certain point, mais jamais à expliquer pourquoi le monde est ainsi, quelle en est l'origine et pourquoi il existe. Il m'est même apparu assez vite que la science définit son domaine d'exploration en y mettant des limites claires: big bang, mur de Planck, et surtout la mort, limite suprême, sont autant de frontières qu'elle ne prétend pas dépasser. Cela fait partie de son approche et c'est très louable. La science étudie ce que nous pouvons percevoir et tente d'en dégager des lois. Ces lois évoluent au gré des révolutions scientifiques (Galilée, Newton, Einstein...) en nous donnant des outils de plus en plus précis pour mesurer le monde. Mais tout ce qui est en dehors de l'exploration possible, comme la mort, est par définition exclu de son domaine de recherche. Il en est de même sur la question du pourquoi les choses sont ainsi. Pourquoi la matière existe ? Pourquoi elle courbe la géométrie de l'espace-temps et nous fait rester sur Terre ? Pourquoi le temps semble-t-il s'écouler ?
La science fait partie de ce monde-ci, elle y est collée. Et la question du pourquoi n'a pas de sens pour elle parce que pourquoi ne peut être mesuré avec aucun appareil. Pour aller au-delà, il faut accepter de laisser quelque chose derrière nous. De même que lorsque nous mourrons, nous devrons accepter de laisser derrière nous à peu près tout ce qui nous définit (possessions matérielles, corps, pensée mentale, voix intérieure, personnalité, mémoire...), de même pour avoir une chance d'explorer le sens du monde et sa réalité non ordinaire, il nous est demandé de laisser derrière toute pensée apparemment logique et structurée qui appartiennent à ce monde.
C'est un peu comme si nous acceptions une hypothèse, celle de l'existence d'un monde non ordinaire (ou monde des esprits, pour le nommer) et que, tant qu'il ne contredit pas ce que nous vivons dans notre réalité ordinaire, nous pouvons explorer et voir ce qui se passe. Il y a là une acceptation d'un détachement total qui est demandé au chamane. Une acceptation de laisser derrière les outils qui appartiennent à ce monde, pour aller dans un monde aux règles différentes, non mesurables, non prédictibles. En quelques mots, il est demandé au chamane de laisser son cerveau derrière lui, celui-ci étant aussi une part mortelle de son identité. A partir de là, des choses peuvent se passer, des choses se passent. Pour chaque chamane, je pense que c'est un peu différent et un peu pareil à la fois (encore une fois, chacun de nous possède une fenêtre qu'il peut sur la réalité non ordinaire). Ce qu'ils reçoivent du monde des esprits est propre à chacun d'eux et le rôle qu'il est venu faire ici également. Soins chamaniques, guidance spirituelle, éveil, évolution personnelle... On ne choisit pas ce qui vient. On se met à disposition et on accueille ce que les esprits nous amènent. Dans mon cas, les premiers signes ou messages sont venus des esprits des abeilles: "fais ceci", "je te pique ici pour soigner cette partie de ton corps", "aide-nous pour telle chose", comme autant de messages venus m'aider dans ma pratique ou venus pour me soigner.
Puis très vite, des esprits de personnes décédées sont venus me demander de l'aide. Pour la plupart, des gens que je ne connaissais pas et décédés dans des circonstances difficiles (suicide, mort violente...) et parfois loin dans le temps. Je ne l'avais pas demandé et suis longtemps resté un peu indécis sur l'attitude à adopter. Maintenant, j'accepte ce rôle de psychopome. Ces rencontres, qui surviennent de temps en temps, m'ont servi également de preuve, au début de ma pratique. Il y avait zéro chance que j'aie la connaissance préalable de telle personne assassinée, de tel ancêtre japonais qui n'a laissé pratiquement aucune trace, de cette sibérienne anonyme disparue subitement, ou encore de ce navigateur mort noyé sans que je ne sache rien de lui. Et pour la plupart, je ne connaissais pas leur nom avant. Et pourtant, ils sont venus, m'ont donné leur nom à chaque fois, puis moultes détails sur les circonstances de leur mort, que j'ai pu ensuite retrouver et qui correspondaient parfaitement. Aujourd'hui, je ne m'attarde plus sur cette valeur de preuve. Car ce n'est pas le but de ces rencontres. Le but des esprits n’est pas de nous prouver qu’ils existent, encore et encore. Elles sont comme une évidence et j'essaye d'aider ces esprits venus demander de l'aide. Sur une note plus joyeuse (bien que la mort ne m'apparaisse plus du tout comme triste), il y a aussi parfois des esprits qui viennent naître ici, et qui prennent contact avant la naissance. C'est très cool parce qu'avec eux, il y a aussi la possibilité de communiquer dans la réalité ordinaire.
De mes contacts avec différentes traditions chamaniques (j'adore les rencontres avec toutes sortes de traditions, vivantes ou disparues), je mets à disposition des cérémonies qui visent à aider ceux qui me consultent à trouver leur propre chemin. Lors de chaque consultation, le voyage chamanique me met en contact avec les esprits qui viennent donner des réponses à vos questions. Nos vies sont autant de chapitres du long chemin de nos âmes. Sur ce chemin, il y a toutes sortes de possibilités d'éveil et de conscientisations qui s'offrent à nos âmes. Celles-ci donnent du sens à notre vie et à ce que nous y expérimentons, joies, cadeaux mais aussi épreuves, souffrances et mort. Vous aider à les recevoir pour trouver votre propre lumière, votre propre vérité, c'est là probablement le coeur de ma pratique chamanique. Ces messages sont aussi liés aux soins chamaniques que vous recherchez parfois. Ils sont à la source des possibilité de guérison, même si celles-ci ne sont pas le but ultime.
Ainsi, approche chamanique et approche scientifique ne s'opposent pas. Ils touchent à des dimensions différentes. Je n'ai pas abandonné la réflexion scientifique, qui me fascine toujours autant et tente peu à peu de toucher également au plus prêt le miroir de la réalité. Tenter de toucher le miroir des deux côtés, c'est pour moi la plus belle des explorations possibles.