Esprits des abeilles
La pratique chamanique fait appel aux esprits, qui peuvent être de toutes sortes. Chacun de nous, dans ce monde-ci de la réalité ordinaire, avons un esprit relié au monde de la réalité non ordinaire mais il n'est pas toujours facile d'aller "voir" de l'autre côté du miroir. Les animaux sauvages, tout comme les éléments et le monde minéral, sont eux très connectés avec les autres dimensions. C'est aussi le cas des abeilles, qui passent aisément de part et d'autre de la frontière, comme nous le décrivons ici...
Quel rapport entre le chamanisme et les abeilles ?
Le chamane est un passeur, un pont entre la réalité ordinaire dans laquelle nous vivons, et la réalité non ordinaire, où vivent les esprits. Pour franchir le passage, il entre en transe et peut communiquer avec les esprits et entités du monde non ordinaire. Il y a plusieurs manières d’entrer dans un état de transe. Certains utilisent des substances telles que l’Ayahuasca. La danse ou le tambour (que j’utilise fréquemment), sont aussi des moyens de s’ouvrir à ces autres dimensions. Pour moi, ce furent les abeilles qui m’ouvrirent cette porte. Je n’ai pas compris tout de suite ce dont il s’agissait, mais certaines choses se passèrent et éveillèrent ma curiosité. Elles n’étaient pas anodines, alors j’ai fait un peu de recherches et ai découvert que d’autres avaient vécu ce genre de rencontre avec les abeilles. Et cela m’a amené au monde du chamanisme. J’ai alors réalisé toutes les dimensions cachées dans lesquelles vivent les abeilles et dont elles peuvent nous ouvrir les portes. Le rucher est devenu alors une sorte de tambour hautement vibratoire, une porte à multiples facettes vers les réalités non ordinaires. Une porte vers le monde des esprits.
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Au milieu, légèrement à gauche, une abeille communique avec ses soeurs, tout autour d'elle
Une belle grappe, les abeilles s'accrochent les unes aux autres avec leurs pattes
Abeilles vibratoires
Les capacités des abeilles et la nature de leur monde sont trop vastes pour être résumées ici. Je ne peux donner que quelques indices... Les abeilles sont des êtres hautement vibratoires, comme des mini tambours à haute fréquences. Elles sont aussi au carrefour d’une multitudes de chemins de notre monde visible vers le monde caché. Elles émettent et perçoivent, de manière hyper sensible et dans des réalités autres que celles que nous percevons.
Du côté de notre réalité ordinaire, on peut évoquer le fait qu’elle perçoivent les rayonnements ultraviolets (des couleurs que nous ne voyons pas), la lumière polarisée (qui leur permet de connaitre la position exacte du soleil même s’il est caché). Elles perçoivent les variations infimes du champ magnétique terrestre. Leur odorat est infiniment plus sensible que le nôtre, capables de sentir des fleurs sur des distances incroyables, ou encore des phéromones subtiles émises par leur reine. Elles sentent aussi les hormones que nous émettons, quand nous avons peur, quand nous sommes agités ou heureux, ou encore certaines odeurs liés à nos dérèglements hormonaux ou maladies.
Plus que des sons, elles sentent des vibrations de l’air telles que celles générées par un mouvement extérieur, ou une main qui se pose sur la ruche, même délicatement.
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Elles dansent pour communiquer à leurs soeurs, la position des sources de nectar ou de pollen. La fréquence de leur vision est environ 10 fois plus élevée que la notre, ce qui fait qu'elles ont une perception du temps qui passe probablement ralentie d'autant par rapport à la notre. Depuis peu, nous savons qu'elles rêvent, sont capables d'abstraction et même de reconnaitre les visages. La nuit, au coeur de la ruche, elles connaissent la position du soleil sous l'horizon. Et elles s'adaptent à tous les climats, y compris aux longs hivers sous nos latitudes, où elles maintiennent une température de 25°C au coeur de la ruche.
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Toutefois, ce sont leurs esprits et dimensions chamaniques qui nous intéressent plus particulièrement ici. De par leur perception très spéciale du monde qui nous entoure, elles sont à la frontière de notre réalité non ordinaire et passent facilement de l'autre côté. Leur capacité à transmettre des messages, à "sentir" ce qui ne va pas en nous, et à nous fournir des remèdes est tout bonnement étourdissante. Lorsqu'on prend la peine d'écouter, la nature est remplie d'esprits, plantes, animaux, éléments qui nous parlent... Les animaux qui sont restés proche du monde sauvage ont cette capacité d'être connectés au monde des esprits. Mais les esprits des abeilles sont peut-être de ceux qui nous parlent plus facilement et plus vivement.
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Elles battent le rappel de leurs soeurs,
en ventilant leurs phéromones
Omphalos de Delphes, Grèce
Le nombril du monde
Abeilles psychopompes et bien plus encore
C'est là un rôle qui leur est reconnu depuis l'antiquité et peut-être bien avant encore. On les trouve d'ailleurs sur les peintures pariétales vieilles de plusieurs dizaines de milliers d'années, toutes premières traces des activités chamaniques de nos ancêtres.
Chez les abeilles, la vie et la mort se côtoient en permanence, et de ce fait, elles jouent volontiers le rôle de passeuses d'âmes, ou psychopompe. Ce rôle, décrit dans plusieurs traditions ancestrales, est celui du passeur qui s'assure que l'âme du défunt repart là où elle doit aller, dans le monde de l'au-delà.
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On les retrouvent dans la Grèce antique, en Egypte, et bien d'autres lieux.
Une croyance assez répandue dans le Magrehb veut que l'âme s'échappe du corps sous la forme d'une abeille ou d'une grosse mouche et qu'elle rôde ainsi quarante jours auprès de la tombe du disparu. Elle va ensuite rejoindre le barzah, immense rucher dans le ciel, où chaque âme occupe une alvéole. C'est sous forme d'abeilles que les âmes des morts viennent sur terre rendre visite à leurs proches, en particulier chaque vendredi, auprès de leurs tombes. On ne doit donc jamais tuer une abeille puisqu'on ne sait pas si c'est une vraie abeille ou une âme qui vole.
Les Thries ou Thriae sont trois sœurs, célèbres femmes-abeilles au service du dieu Hermès : Antalia, Rosanna et Pausania. Ce sont les nourrices des dieux de l'Olympe. Antalia apprend à voir l’Invisible ; Pausania, elle, enseigne le passé ; enfin Rosana, quant à elle, apprend à voir le futur.
Les abeilles et le miel qu'elles produisent ont souvent été associées au sacré et à la religion. En tant qu’animaux, elles sont porteuses de la parole et de la volonté divines. Ici, les trois sœurs, nymphes et femmes-abeilles, sont dotées du don de divination et au service du dieu Hermès à qui elles ont été offertes par Apollon, dieu des oracles et prophéties.
Ce sont elles qui ont inventé l'art de la prophétie. L'art de la divination pratiqué dans le sanctuaire d'Apollon à Delphes, entre autres, fut une activité de premier plan dans la Grèce antique.
